De la Culture SANS confiture // Un été à Cuba… ou presque

Actus - 14/02/2022

Par Sébastien

L’été se révèle souvent chez moi propice à une frénésie de lectures sud-américaines. Cela semble naître autant d’aspirations de séjours hispanisants lointains que de la frustration d’avoir négligé la langue espagnole, qui fut pourtant la principale de mon baccalauréat langues. En attendant de (re)lire dans le texte et en rêvant de parcourir ces vastes terres dont les crises qui les frappent nous interpellent, la littérature vient ainsi combler ma double frustration.

C’est à la librairie de Bagnolet De Beaux Lendemains que l’on me recommanda un jour l’auteur cubain Leonardo Padura et son personnage terriblement vivant et mélancolique Mario Conde, ex-inspecteur de police reconverti en revendeur de vieux livres par goût personnel pour l’histoire de Cuba comme par nécessité de survivre. L’esprit toujours en alerte dans un fragile équilibre entre un passé qui a tué tous les désirs de projets, un présent qui ne tient qu’aux amitiés fidèles et un avenir que nul ne se donne plus la peine d’écrire, Conde est « perdu entre un monde évaporé et un autre en décomposition », conscient que sa génération incarne « les cadavres de ce passé », et que « c’est peut-être pour cela que c’est au cimetière que j’ai vu le plus de changements », remarque-t-il lucide dans Les brumes du passé.

Ses descriptions de Cuba et de la transformation des quartiers de La Havane braquent nos regards sur les faillites de la revoluciónla dureté de la vie et les violences éloignées des yeux des touristes. La littérature a souvent cette force de rendre visible ce que l’on ne saurait voir sur place, ni entendre de cette génération, cette « fournée qui avait cru et lutté, mais qui n’avait guère été récompensée pour le sacrifice auquel on les avait systématiquement conviés et parfois même contraints », commente-t-il dans La transparence du temps.

La flamme qui traverse ces pages me rappellent l’œuvre de Luis Sepúlveda, de ce Chili qui vit une nouvelle révolution après celle dont il disait en poursuivant dans L’ombre de ce que nous avons été que « nous existerons aussi longtemps qu’il y aura de la lumière ». Cette fois, c’est sûr, je vais remettre à l’espagnol.

Léonardo Padura Copyright Jean Luc Bertini

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